Mercredi dernier j’ai dû temporairement remisé robe, chapeau à plume et tresse pour participer à un de ces étranges rituels qui voient les adorateurs du Bitebi (比特币) se rassembler pour discuter de leurs nombreux projets. Les fidèles ont donc pu écouter quatre présentations avant de communier la tradition autour de quelques bières et pizzas, dans le respect de la tradition. La première surprise fut d’y découvrir une série de goodies autour de Bitcoin : cartes postales, divers vêtements, et surtout des piles de boîtes de conserve contenant un Ledger Wallet et un code pour charger une petite somme en bitcoins dessus. Ces objets visent, sous la marque Coinbell’s, à utiliser des codes culturels communément partagés par les autochtones pour favoriser l’adoption de Bitcoin par les masses. La tâche n’est pas simple, sans doute, et Coinbell’s a tous nos vœux de succès dans cette entreprise.
Mais revenons aux présentations elles-mêmes. Ces dernières ont été précédées par quelques paroles propitiatoires prononcées par le maître de cérémonie, et accessoirement maître des lieux, Eric Larchevêque, qui a ensuite laissé la place à Yannick Losbar, tout jeune entrepreneur venu présenter Coinizy. L’objectif de Coinzy est de faciliter l’utilisation de Bitcoin pour effectuer des paiements, y compris sur des sites ou pour des services qui normalement ne l’accepte pas. Pour ce faire, Coinizy s’appuie sur Paypal, Okpay ou Western Union pour le paiement en monnaie fiat. Ainsi, Coinizy ne permet l’échange que dans le sens Bitcoin/fiat, en l’occurrence dollars canadiens. Cette limitation est aussi ce qui lui permet de revendiquer davantage de sécurité, puisque les bitcoins sont immédiatement convertis en dollars, et aussi une simplification des démarches administratives par rapport aux exchanges traditionnels, car il n’est pas soumis aux mêmes contraintes règlementaires. Parmi les moyens de paiements proposés, on trouve également une “Coinizy cards”. Virtuel ou physique, cette dernière s’utilise comme n’importe quelle carte bancaire pour payer en ligne ou sur un terminale de carte bancaire. Coinizy charge 10% de frais au moment du dépôt initial sur le compte, mais l’utilisation de Paypal, Okpay ou de la Coinizy card n’est pas chargée en sortie. L’utilisation de mandats Western Union entraîne en revanche des frais supplémentaires, en plus d’une attente de 48h.
La deuxième présentation a vu là aussi un tout jeune intervenant, Antoine Ferron, présenter Goochain Citadelle. Goochain n’est pas un projet inconnu, il s’agit d’un moteur de recherche dédié à la blockchain de Bitcoin, qui permet donc de rechercher des transactions sur la blockchain en entrant différents types d’informations : adresses, block hash, date et montant etc. Goochain Citadelle, quant à lui, reprend la technologie des Ledger Wallet, épurée au maximum pour rendre le produit le plus abordable possible : le prix annoncé lors de la présentation est de 12€ HT, contre presque 35€ pout un Ledger Nano certes beaucoup plus seyant. Les fonctionnalités des deux produits sont globalement similaires en termes de sécurité, à deux exceptions près : Goochain Citadelle abandonne le système carte à code de Ledger pour une authentification par un second facteur, et le multi-sig est limité à 2 sur 2 avec Greenaddress.
Vient ensuite Stratumn, présenté par Richard Caetano, développeur californien qui, si mon anglais ne m’a pas trahi, a abandonné par amour le soleil de sa patrie pour venir s’enterrer dans le climat morose de Paris. Stratumn n’est pas un projet impliquant Bitcoin à proprement parler, mais plutôt une tentative d’application de la blockchain pour résoudre des problématiques industriels, du moins je pense que c’est ce que Richard voulait nous expliquer avec sa parabole de l’usine à pistaches. Le postulat de base est que la blockchain est essentiellement un moyen de consigner des faits de façon sécurisée, et ainsi l’objectif serait de permettre des développements d’applications utilisant la blockchain pour sécuriser l’information, et éliminer au maximum la nécessité d’un contrôle par un tiers. Une autre formulation m’a laissé un peu perplexe, et apparemment je n’ai pas été le seul dans ce cas : “we’re bringing javascript to the blockchain”. Peut-être que certains de mes lecteurs davantage versés dans les subtilités techniques pourront nous en dire davantage. Toujours est-il que la présentation de Richard comprenait une démo fort amusante, puisqu’il s’agissait de montrer comment Stratumn permettait de sécuriser une partie de… morpions (Tictactoe). Chaque action des joueurs est enregistrée sur la blockchain et signée grâce à sa clé privée, afin de garantir que chacun a joué dans les règles et de le rendre vérifiable par une traçabilité dans la blockchain.
Enfin, Ugo Mare et Nicolas Katan sont venus présenter Bitit, qui se présente comme une “eGift card” utilisant Bitcoin. Partant du constat qu’aujourd’hui acheter des bitcoins n’est pas simple pour tout le monde et peut représenter une barrière à l’entrée importante pour des utilisateurs non technophiles, Bitit permet d’utiliser une monnaie fiat pour acheter une carte chargée avec un montant équivalent en bitcoins, sur le principe des cartes cadeaux prépayées, que l’on peut ensuite offrir à un tiers qui pourra les dépenser sans avoir la moindre connaissance du fonctionnement de Bitcoin. Pour l’instant, cette carte n’existe que sous une forme virtuelle, et est envoyée par mail au destinataire du cadeau. Comme Coinizy un peu plut tôt, l’ambition est là encore de démocratiser le paiement en bitcoin auprès des utilisateurs lambda. Une commission de 3,9% du montant de la transaction est prélevée au moment du paiement.
La fin du meetup comprenait un intervenant surprise, qui nous a présenté en deux mots Fred de la Compta, une application de comptabilité et aussi le premier comptable à prendre en charge la comptabilité en bitcoins. 赞!